La théorie keynésienne, développée par John Maynard Keynes, est l’une des approches économiques les plus influentes du XXe siècle. Elle a émergé dans un contexte de crise mondiale, la Grande Dépression, où les modèles classiques semblaient incapables d’expliquer ou de résoudre les problèmes économiques majeurs. Mais que propose exactement cette théorie ? Et pourquoi a-t-elle marqué un tournant dans l’économie moderne ? Plongeons ensemble dans l’univers du keynésianisme pour mieux comprendre ses fondements et ses apports.
Qu’est-ce que la théorie keynésienne ?
La théorie keynésienne repose sur une idée centrale : l’économie n’est pas toujours autorégulée. Contrairement à l’approche classique qui suppose que les marchés s’équilibrent naturellement grâce à l’offre et à la demande, Keynes a démontré que des déséquilibres prolongés pouvaient survenir, notamment en période de crise.
L’hypothèse centrale de Keynes
Keynes a introduit le concept de demande effective, qui est la somme des dépenses de consommation et d’investissement dans une économie. Selon lui, c’est la demande globale qui détermine le niveau d’activité économique, et non l’offre, comme le soutenaient les classiques.
Théorie de l’équilibre keynésien : une approche pragmatique
Keynes a observé que, pendant la Grande Dépression, les usines et les travailleurs restaient inactifs malgré des capacités disponibles. Pourquoi ? Parce que la demande pour les biens et services était insuffisante.
La loi fondamentale de Keynes
Selon Keynes, les prix et les salaires sont souvent rigides à court terme. Autrement dit, ils ne s’ajustent pas rapidement pour rétablir l’équilibre. Cette rigidité des prix conduit à des déséquilibres, comme le chômage de masse, nécessitant une intervention extérieure.
Exemple : Imagine un cercle vicieux où une baisse des dépenses d’un consommateur entraîne des pertes pour les entreprises, qui à leur tour réduisent leurs investissements, aggravant encore la situation économique.
Les grands principes macroéconomiques keynésiens
Les théories de John Maynard Keynes ont profondément marqué l’économie moderne. Son approche, développée dans « La Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie », repose sur des principes qui révolutionnent la manière dont les gouvernements et les économistes abordent les cycles économiques et la politique économique. Voici les concepts-clés du keynésianisme :
📌 La demande globale, moteur de l’économie
Pour Keynes, l’économie n’est pas tirée uniquement par l’offre mais avant tout par la demande globale (consommation des ménages, investissement des entreprises, dépenses publiques et exportations nettes). Ainsi :
- Une faible demande globale peut entraîner du chômage et une sous-utilisation des capacités de production.
- Pour stimuler l’économie, il est nécessaire d’augmenter la demande, notamment via des politiques budgétaires et monétaires expansives.
📌 L’importance de l’intervention de l’État
Contrairement aux théories classiques prônant un marché autorégulateur, Keynes soutient que l’État a un rôle crucial dans l’économie. Ses propositions incluent :
- Les dépenses publiques : L’État doit investir dans des projets d’infrastructure ou des programmes sociaux pour compenser la faiblesse de la demande privée.
- Les stabilisateurs automatiques : Des mécanismes comme l’assurance chômage ou la progressivité de l’impôt permettent de limiter les effets des récessions.
📌 Le concept de multiplicateur keynésien
Keynes introduit l’idée du multiplicateur pour expliquer l’impact des dépenses publiques sur l’économie :
- Une augmentation des dépenses publiques génère une hausse plus importante du PIB grâce aux effets en cascade (exemple : une construction d’école crée des emplois directs et stimule l’activité dans les secteurs annexes).
- Cependant, l’efficacité du multiplicateur dépend du contexte économique, comme le niveau d’épargne ou l’ouverture au commerce international.
📌 Les « esprits animaux » et les incertitudes
Keynes accorde une grande importance aux facteurs psychologiques dans les décisions économiques :
- Les investissements des entreprises sont influencés par des « esprits animaux », c’est-à-dire des instincts et des émotions, plutôt que par des calculs purement rationnels.
- Les incertitudes sur l’avenir peuvent freiner les investissements, aggravant les crises économiques.
📌 La flexibilité limitée des prix et des salaires
Selon Keynes, les prix et les salaires ne s’ajustent pas instantanément pour équilibrer l’offre et la demande, ce qui peut provoquer :
- Du chômage involontaire, lorsque les entreprises réduisent leur production faute de demande.
- Une nécessité pour l’État d’intervenir afin de combler cet écart, plutôt que d’attendre un ajustement « naturel » des marchés.
En somme, les principes keynésiens défendent une approche proactive face aux crises économiques. Ils posent les bases de nombreuses politiques économiques modernes, comme les plans de relance et les programmes sociaux. Avec eux, l’État devient un acteur central pour assurer la stabilité et la croissance.
Keynésianisme vs approche classique : quelles différences ?
L’opposition entre le keynésianisme et l’approche classique repose sur des visions fondamentalement différentes de l’économie. Alors que les économistes classiques croient en la capacité des marchés à s’autoréguler, les keynésiens estiment que l’intervention de l’État est cruciale pour stabiliser l’économie. Voici les distinctions principales :
📌 La vision de l’équilibre économique
Approche classique :
- Les marchés s’ajustent automatiquement grâce à la loi de l’offre et de la demande.
- Le plein emploi est garanti à long terme si les prix et les salaires sont flexibles.
- L’intervention de l’État est perçue comme inutile, voire contre-productive.
Keynésianisme :
- L’économie peut rester en déséquilibre prolongé, notamment en période de récession.
- Le chômage involontaire persiste si la demande globale est insuffisante.
- L’État doit intervenir activement pour relancer la demande et rétablir l’équilibre.
📌 Le rôle de la demande et de l’offre
Approche classique :
- L’offre détermine la production et la croissance économique (loi de Say : « l’offre crée sa propre demande »).
- Les entreprises produisent en fonction des ressources disponibles et des technologies existantes.
Keynésianisme :
- La demande globale est le principal moteur de l’économie.
- Une faible demande entraîne une baisse de production, même si l’économie dispose de ressources inutilisées.
- Les gouvernements doivent stimuler la demande, notamment par des dépenses publiques.
📌 L’intervention de l’État
Approche classique :
- L’économie fonctionne mieux avec une intervention limitée de l’État.
- Les politiques budgétaires et monétaires sont vues comme perturbatrices et inefficaces.
- L’État doit se concentrer sur des tâches régaliennes, comme le maintien de la loi et de l’ordre.
Keynésianisme :
- L’État joue un rôle central pour stabiliser l’économie et atténuer les crises.
- Les politiques fiscales (augmentation des dépenses publiques ou baisse des impôts) et monétaires (baisse des taux d’intérêt) sont essentielles pour relancer l’économie.
📌 La flexibilité des prix et des salaires
Approche classique :
- Les prix et les salaires s’ajustent rapidement pour rétablir l’équilibre entre l’offre et la demande.
- Le chômage est temporaire et volontaire, selon cette vision.
Keynésianisme :
- Les prix et les salaires sont souvent rigides à court terme, notamment à cause des contrats et des habitudes sociales.
- Cette rigidité peut entraîner un chômage involontaire persistant, nécessitant une intervention extérieure.
📌 La place des facteurs psychologiques
Approche classique :
- Les individus sont considérés comme parfaitement rationnels dans leurs choix économiques.
- Les décisions sont basées sur l’optimisation des gains et la minimisation des coûts.
Keynésianisme :
- Les décisions économiques sont influencées par des facteurs émotionnels et irrationnels, comme les « esprits animaux » ou les anticipations pessimistes.
- Ces comportements amplifient les fluctuations économiques et justifient un encadrement par l’État.
Citation célèbre : « À long terme, nous sommes tous morts. » Une manière percutante de dire que l’attente d’un ajustement naturel peut causer des dommages irréparables à court terme.
Les apports de la théorie keynésienne
Le keynésianisme a introduit plusieurs innovations majeures :
- L’importance des politiques publiques pour stabiliser l’économie.
- Une nouvelle compréhension du chômage, qualifié de chômage keynésien, résultant d’une demande insuffisante.
- Un cadre théorique pour les fluctuations économiques et les crises.
Critiques et évolutions de la pensée keynésienne
Bien que révolutionnaire, la théorie keynésienne n’est pas sans limites. Ses détracteurs, notamment les néo-classiques, critiquent son interventionnisme excessif, susceptible de créer des déséquilibres à long terme comme l’inflation.
Cependant, les néo-keynésiens ont modernisé ses idées, intégrant des concepts comme les anticipations rationnelles et les rigidités structurelles.
Conclusion : une révolution en économie
La théorie keynésienne reste une référence incontournable pour comprendre les crises et les politiques économiques modernes. Son message clé ? L’économie a parfois besoin d’un coup de pouce extérieur pour retrouver son équilibre.
Alors, prêt à explorer davantage cette école de pensée fascinante ? Si Keynes a pu révolutionner la manière dont nous pensons l’économie, c’est parce qu’il a osé remettre en question des certitudes établies. Et toi, que penses-tu de l’intervention de l’État dans l’économie ? 😊
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FAQ sur la théorie keynésienne
Quelle est l’idée économique majeure de Keynes ?
Keynes a souligné l’importance de la demande effective pour déterminer le niveau de production et d’emploi dans une économie.
Quelles idées défendent les keynésiens ?
Les keynésiens soutiennent que des politiques actives, comme l’intervention de l’État, sont nécessaires pour surmonter les crises économiques.
Quels sont les principes fondamentaux de la théorie keynésienne ?
Les marchés ne s’autorégulent pas toujours.
La demande globale détermine l’activité économique.
Les politiques publiques sont essentielles pour stabiliser l’économie.
Quels auteurs keynésiens ont marqué l’histoire ?
Outre Keynes lui-même, des économistes comme Paul Samuelson, Robert Solow et Joseph Stiglitz ont enrichi et prolongé cette tradition.
Passionnée en finance, Louise est un spécialiste des placements financiers et des méthodes d’investissement passive.
Elle est titulaire d’un Master en finance. Après un passage en salle de marché, il crée une des premières sociétés d’investissement en ligne à démocratiser l’usage des ETF.
Elle se fixe comme objectif de démocratiser les finances personnelles et de former à l’investissement passif. C’est la naissance d’Investing Lazy.